Carrefour des gauches : l’impasse ?

« Réinventer la gauche« . À la veille du second tour de la primaire de la droite, c’est l’objectif de ce rassemblement qui siège à Bondy.

Un cortège de caméra se dresse au passage des trois femmes de la journée. Martine Aubry, Christiane Taubira et Anne Hidalgo siègent côte à côte au premier rang. Trois figures qui ne cachent pas leurs désaccords avec le gouvernement. Trois figures que l’on pourrait aisément opposer à François Hollande, Manuel Valls et Emmanuel Macron. Organisé par le député Jean-Marc Germain le rassemblement a un mot d’ordre : »pas aux gauches irréconciliables« . Cette formule, employée par le premier ministre, exclut l’idée d’une primaire de toute la gauche.

Débats et prises de paroles se déroulent devant une assemblée de militants. Et le buzz ne se fait pas attendre. Quand le président de l’assemblée nationale, Claude Bartolone dit souhaiter une primaire allant de Jean-Luc Mélenchon au Président de la république en passant par Manuel Valls et Emmanuel Macron. Le tweet d’Olivier Le Foll, proche du Président, cingle : « Quand les états d’âme et les ressentiments personnels font dire de grosses bêtises… #Bartolone ».

La référence aux confessions de François Hollande dans le livre Un président ne devrait pas dire ça est à peine masquée. Le président confie que Claude Bartolone « n’a pas un charisme considérable » et de fait qu’il « n’a pas l’envergure » d’un premier ministre. À sonder les parlementaires socialistes présents dans la salle un autre son de cloche se fait entendre. « Ce serait baroque de voir le PM et PR s’affronter dans une même primaire » confie François Lamy, député de l’Essonne et bras droit de Martine Aubry. Il balaie au passage la rumeur selon laquelle Manuel Valls serait sur le point de se présenter à la primaire de la gauche.

Un mouvement sans candidat

Albert, militant de longue date, fait part de ses remontrances à l’égard du président : « J’étais au meeting du Bourget en 2012. On ne peut pas dire « mon ennemi c’est la finance » et prendre Emmanuel Macron comme conseiller économique » Pour lui ce n’est pas sa gauche. Alors que la primaire de la gauche approche il confie « Si Christiane Taubira se présentait je voterais pour elle ou pour Martine Aubry. À défaut, je voterais pour Benoît Hamon, c’est celui qui se rapproche le plus de mes idées« .

Christiane Taubira arrive au pupitre, une salve d’applaudissements parcourt la salle. Sans notes, elle entame son discours par un poème de Paul Eluard. Comme un aveu, Christiane Taubira clame « Nous ne sommes pas perdus. Nous sommes dispersés. Nous étions dispersés ! ». La maire de Paris, elle, est plus directe : « Il faut redonner de la crédibilité à la parole de la gauche » et de poursuivre avec une pique à Emmanuel Macron : « Certains continuent à dire que l’important c’est d’être milliardaire à trente ans« .

Les trois figures du carrefour des gauches tonnent, grondent et enjoignent la gauche à un sursaut social. Pourtant ni les unes, ni les autres ne comptent se présenter à la primaire. Christiane Taubira, qui s’était présentée à l’élection présidentielle de 2002, redoute d’être de nouveau accusée de diviser son camp. Martine Aubry, perdante de la primaire de 2012 face à François Hollande, ne souhaite pas non plus renouveler l’expérience. Reste Anne Hidalgo. « C’est trop tôt pour une candidature. Elle préfère servir Paris, plutôt que se servir de Paris comme l’a fait Nathalie Kosciusko-Morizet » analyse un membre du PS. D’ici la primaire, leurs voix vont compter dans le parti ou ce qu’il en restera. Ces faiseuses de roi pourraient poser quelques problèmes aux candidats les plus libéraux.

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