Arnaud Montebourg, l’éternel troisième homme

Comme en 2012, le candidat du made in France a échoué à se qualifier au second tour de la primaire de la gauche. Avec 17,58 % des suffrages exprimés, il se place derrière Manuel Valls 31,90% et Benoît Hamon 36,63%. Reportage. 

Alors que les estimations des résultats se chuchotent une femme lâche « on a compris, on a perdu ». Les mines défaites, résignées rencontrent les questions des journalistes dans l’étroit QG de campagne d’Arnaud Montebourg. Entre eux, les militants dissertent sur les pourquoi de la défaite. « Comme Alain Juppé, Arnaud a fait une campagne présidentielle. Il n’a peut-être pas assez parlé aux électeurs de gauche », tente un sympathisant.

L’ancien ministre de l’économie est parti en campagne à la fin août avec dans son viseur François Hollande. Durant l’une de ses saillies, il avait même invité les électeurs de droite « à battre le président de la République avec (s)a candidature. » Une bourde made in Montebourg. Sans compter que, le renoncement du président à briguer un second mandat a fait voler en éclat tout un pan de sa stratégie de campagne.

« On ne s’est pas assez méfié de Benoît Hamon »

Son emphase et ses thèmes de prédilection : made in France, démondialisation, VIe République… n’auront pas suffit à séduire les électeurs de cette élection. « On ne s’est pas assez méfié de Benoît Hamon, il aurait dû l’attaquer plus tôt, plus fort », regrette un militant alors qu’un autre s’attelle à démonter l’exercice de la primaire. Les deux ministres déchus – après l’épisode de la fête de la rose en 2014 – ne se sont effectivement toisés que tardivement dans la campagne.

C’est dans cette ambiance que le candidat malheureux arrive. Accompagné d’Aurélie Filippetti, Arnaud Montebourg ne fera qu’un passage éclair. « Je me réjouis que les électeurs aient massivement et sérieusement condamné le quinquennat », lâche-t-il sans entrain avant d’appeler à voter pour Benoît Hamon au second tour de la primaire.

« Je ne voterai pas pour Benoît Hamon »

Alors que les porte-paroles confirment la consigne de vote, plusieurs sympathisants sifflent discrètement : « Je ne voterai pas pour Benoît Hamon et il y a fort parier que beaucoup de ses sympathisants non plus », confie un élu proche d’Arnaud Montebourg. Pour lui, Benoît porte des propositions « irréalisables ». « Les électeurs d’Arnaud vont de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron. Le report de voix ne sera pas automatique », prédit-il.

Quelques militants assurent même qu’ils n’iront pas voter au second tour de la primaire. Et même si Arnaud Montebourg n’a pas encore donné de détails sur la suite de vie politique, certain pense déjà au coup d’après. « Mieux vaut qu’il se retire maintenant. Il aura plus de chance dans cinq ans », se console une militante.

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