Vincent Peillon, l’homme de la dernière heure

L’équipe de l’ancien ministre de l’éducation s’est réunie, le mardi 3 janvier, pour regarder L’émission politique, diffusée sur France 2. La campagne éclair du candidat est scrutée par ses fidèles depuis le 19e arrondissement parisien. À moins d’un mois du premier tour, l’objectif est d’occuper l’espace médiatique.

Sous la Rotonde de la Villette, les soutiens de Vincent Peillon arrivent au compte goutte. L’écran est déjà programmé sur le JT de France 2, les codes wifi sont bien accrochés aux murs et les premiers verres de bière se remplissent. De jeunes gens bien mis, des militants de longues dates et des membres de sa campagne commentent la présentation du programme qui a eu lieu dans la matinée. « Relayez la parole de Vincent Peillon ! ». Avec son accent du Sud, Sébastien Dénaja, député de l’Hérault, donne les consignes : « Tweetez, tweetez, tweetez et ne tapez pas trop fort sur les concurrents ».

Les tintements de verres se taisent. David Pujadas assène : « Vous vous voyez Président dans 4 mois ou c’est une manière d’occuper l’espace ? » L’assemblée vibre au rythme des questions-réponses. Avec seulement sept semaines de campagnes, une demi-heure d’antenne, ça compte. Invoquer les grands esprits du PS, Pierre Mendès-France et François Mitterrand. Cogner sur les adversaires, Manuel Valls trop clivant, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon odieux pourfendeurs de leur propre camp. Et défendre sa réforme des rythmes scolaires en glissant qu’elle n’a pas été appliquée correctement. Fait.

« On est parti dans des conditions incroyables »

Les yeux cernés, David Assouline, le directeur de campagne, recueille les impressions. « Il a été bon mais un peu vaseux sur le déficit budgétaire », lui souffle un soutien. Vincent Peillon n’est pas un habitué des plateaux télé, « il ne veut pas que l’on rentre dans sa tête, » difficile de mettre des éléments de langage dans la bouche de l’agrégé de philosophie, selon David Assouline. « Je lui souffle quelques phrases, s’il en ressort une, je suis content », ajoute-t-il.

Revenu des locaux de France 2, Vincent Peillon est accueilli en rock star, tous s’agglutinent autour de leur présumé champion. Tout sourire, lui remercie son bataillon de militants et rassure : « ça ne va pas durer longtemps, mais quand même jusqu’au mois de mai ». Pas de « Peillon, Président » mais des applaudissements nourris lui répondent.

Sous le dôme de la Rotonde, l’excitation retombe doucement. Après un quinquennat ponctué de « couacs », vilipendé jusqu’au sein du PS, la primaire de la gauche peine à prendre de l’envergure. De l’aveu même de Vincent Peillon, « on est parti en campagne (ndlr) dans des conditions incroyables, presque sans budget. »

Soupçonné de n’être un missile anti-Manuel Valls, le candidat de la dernière heure peine à crédibiliser sa candidature. Mais si l’on replonge dans la campagne présidentielle de 2012 – qui a vu la chute de Dominique Strauss-Kahn – une chose est sûre : « rien ne se pas comme prévu ».

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