Les naufragés de la vague En marche !

Tout de bronze, la statue de Léon Blum semble détourner les yeux de l’estrade où doit se tenir les discours du député PS, Patrick Bloche et de Christiane Taubira. Le député sortant de la 7e circonscription de Paris est en ballottage défavorable face au candidat d’En marche !, Pacôme Rupin. Le jeune marcheur le devance de près de 30 points : 43% contre 16% des voix.

« C’est un baroud d’honneur. Il y a seulement 4 candidats PS au second tour à Paris, dont 2 qui n’ont pas de candidats En marche ! face à eux » maugrée un membre du PS. Proche d’Anne Hidalgo et ancien directeur de la campagne de Vincent Peillon, Patrick Bloche ne se fait pas plus d’illusion. Sur l’estrade, d’une voix grave, il s’adresse à ses militants : « Le suffrage universel a été cruel. Que mes mots, ce soir, vous apaisent ». Le discours de son suppléant, Emmanuel Grégoire, prend, lui, les airs d’un au revoir, d’un pot départ mais pas d’un discours d’entre-deux tours.

Dès demain, c’est maintenant 

Membre du mouvement impulsé par Anne Hidalgo « Dès demain » Patrick Bloche se projette déjà dans l’après-défaite avec des slogans un peu flous : « Innover pour une démocratie européenne, écologique et sociale ». Dans une tribune publiée dans le journal Le Monde, la maire de Paris jure de son côté que « Dès demain n’est pas un parti politique. » Exactement comme le mouvement lancé par Emmanuel Macron à ses débuts.

Le problème d’Anne Hidalgo et de ses alliés est qu’aujourd’hui, ils n’ont pas le monopole du mouvement. Benoît Hamon a lui aussi annoncé le lancement du mouvement du 1er juillet. Et les jeunes loups du PS comptent bien évincer les anciens dans l’éventuelle recomposition du PS. Parmi eux : Mathias Fekl, Najat Vallaud-Belkacem, Luc Carvounas ou encore Olivier Faure.

« Une société où il n’y a plus de clivage est à l’agonie »

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« Les idées ne meurent jamais ». Du haut de l’estrade, Christiane Taubira tente d’apaiser les déçus de ce scrutin avec sa célèbre verve. Rare ministre à s’être taillée une image d’icône auprès du peuple de gauche, l’ancienne de Garde des sceaux est désormais appelée à la rescousse pour soutenir les quelques candidats qui ont réussi à se hisser au second tour.

« Une société où il n’y a plus de clivage est à l’agonie. Nous la gauche, nous ne sommes pas bonapartiste, pas césariste », s’enflammet-elle devant à peine une centaine de militants et de curieux. Mais ses mots ne soulèvent pas de liesse. Seules quelques caméras se sont déplacées.

En un quinquennat la vague rose se sera fait charrier par la vague En marche ! Christiane Taubira ne veut y voir qu’un remous de l’histoire. Fidèle à elle-même, l’ancienne garde des Sceaux termine son discours sur un poème d’Aimé Césaire :  « Amie, nous gonflerons nos voiles océanes, vers l’élan perdu des pampas et des pierres. Et nous chanterons aux basses eaux inépuisablement la chanson de l’aurore. »

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